dimanche 29 juin 2008

Mon auberge


Il y a 18 ans tout pile, je m'apprêtais à quitter ma province pour partir vers le swinging London, parce qu'un homme m'avait déchiré le coeur (déjà!) et que j'avais décidé de mettre de la distance entre nos deux vies, et puis aussi parce que j'avais loupé mon deug pour une seule UV: celle de la langue de Shakespeare. Deux bonnes raisons de partir à l'aventure!


Si cette année passée outre-manche restera gravée dans ma mémoire, c'est parce qu'elle m'a fait grandir, incontestablement.

Laurette était là aussi, et nous avons découvert la vie, un peu comme Romain Duris allait le faire une décennie plus tard (sauf que nous y'avait pas de meneur de jeu pour guider nos gestes, c'était the real life for the first time).


On a connu le London pétrifié pendant la guerre en Irak.

Une soirée où j'étais attendue à Camdem Town. Deux heures de retard. Tous les amis au bout du quai. "Lola! My god you're here! On a entendu l'alerte à la bombe. çà va?" " Yes. J'étais dans la rame (immobilisée sur le quai, portes fermées). On nous a dit d'attendre.Deux heures. Mais me voilà." Et la fête, après, n'en était que plus belle.


J'ai visité toute la ville dans ses moindres recoins, traîné mes bottes dans ses pubs, et même chanté sur Trafalguar Square.


Mais surtout il y avait les gens.


J'ai connu Roberto, l'italien farfelu qui ressemblait furieusement à Benigni ( des fois je me dis "C'est p't-être lui!"), et qui me gratifiait 12 fois par jour de ses "Que bella! Que bellissima!" bien doux à mon oreille, entre deux pitreries.


Il y avait carmen, échappée pour un temps de sa péninsule ibérique, qui était venue garder des triplés mais avait été mise à pied par sa méchante famille d'accueil et avait atterri, un soir dans un couvent. Carmen était drôle, pleine de vie, et voulait se marier avec un homme riche.


Chichang, le chinois, me disait je t'aime dans sa langue maternelle puis partait se cacher.


Alexandra, de Nice, avait fait des rallyes avec albert de Monaco et nous racontait mille anecdotes sur la principauté.


Tharaporn, from Thaïlande, était manequin dans son pays et ne comprenait pas pourquoi les européennes ne lui jetaient pas un regard. Ce matin d'hiver où la neige avait recouvert la capitale anglaise, il sautait partout comme un enfant. "It's the first time I can see snow!" criait-il comme s'il voulait être entendu par le monde entier.


Et puis à Londres, j'ai connu Babette.Elle arrivait de sa haute-loire natale dont elle n'avait jamais dépassé les frontières.Babette pleurait quand une émotion la submergeait (souvent!). Babette riait (tout le temps!) des facéties de Roberto. Babette s'inquiétait pour nous tous. Babette était là, à chaque fois.


La semaine dernière j'ai retrouvé la carte que toute mon auberge espagnole de Londres m'avait écrite pour mon départ. Je me suis demandée ce qu'ils étaient devenus. Marcello, Hannah, John, Carlos, Margret.


Il y a quinze jours, tandis que babette me disait au téléphone (elle vit toujours dans ses chères montagnes):"Tu sais, les hommes...je n'y crois plus..."

"Oui, je sais..."

"Lola, tu te souviens, quand on s'est connues?"


Oui. Je me souviens.

On avait vingt ans. On découvrait la vie. Et...tout était possible.






11 commentaires:

Elle a dit…

Dites-moi que tout est encore possible, que ce n'est pas une question d'âge, de lieu ou de quoi que ce soit d'autre...

lolabebop a dit…

Ni question d'âge, ni de lieu je te le confirme. C'est juste qu'avec le temps qui passe l'éventail des possibilités se réduit ( fatalement!) et que çà ne m'emballe pas du tout mais du tout! En revanche, je garde ma joie de vivre et mon espoir intacts, çà, on l'a en soi ou pas dès le départ, je pense. Ceci dit les doutes et les questions ( et parfois la nostalgie, comme dans ce billet) restent omniprésents... On ne se refait pas! ;-)

Bendson a dit…

Tout était possible, en effet : il y a vingt ans, vous étiez vêtue d'un abominable chemisier à pois, et je vous emboîtais le pas, chaussé de mes military boots fermées par du fil de fer.

Rassurons-nous simplement en pensant que nous maîtrisons mieux la langue anglaise, aujourd'hui...

Fleur a dit…

Ah la mode affreuse des années quatre-vingt n'empêchait pas l'âmûr!
Bizarre qu'aujourd'hui, les rides n'empêchent pas l'âme mûre!!!

lolabebop a dit…

Quoi mon abominable chemisier à pois? Quoi la mode affreuse des années 80? Moi qui me croyait irrésistible...pffff

Fleur a dit…

En tenue, d'Eve, Lolabebop, vous ne seriez pas plus irrésistible?

Fleur a dit…

Et ça passe toutes les modes... depuis la sortie du paradis aussi, malgré les menaces psychédéliques et millénaires d'un qu'on dit éternel (mon oeil)...

lolabebop a dit…

La tenue d'Eve est peut-être celle qui me sied le mieux, effectivement...encore que çà fait longtemps que je n'ai pas interrogé mon miroir dans le plus simple appareil (de peur d'y découvrir de mauvaises surprises?)

Bendson a dit…

Vous faites bien, en effet.
Je suppose que vous avez déjà oublié vous être fait tatouer mon nom après un soir de beuverie...?

Anonyme a dit…

Oh, je n'avais pas lu cette dernière tirade... eh ben, lola, be bop! on en apprend des choses!!!
Fleur

lolabebop a dit…

@Jarod: Il est temps que vous fassiez soigner votre dyslexie, parce que sur mon épaule j'ai juste fait tatouer "j'adore"... (et non Jarod, hein!)

@Fleur: Il est temps que vous fassiez soigner votre naïveté, il ne faut pas croire tout ce qu'on vous dit...